Prophétie ?
Mon chien est mort il y a 6 mois, l'oiseau multi-centenaire 4 mois auparavant.
On arrive au bout.
Les compagnons d'Emmaüs passent vendredi à la première heure.
Selon notre accord, tout l'appartement sera totalement vidé après leur passage.
Je tiens à partir léger. Livres, disques, vaisselle, meubles, vêtements (hormis mon sac-à-dos) sont à leur entière disposition. Quant à moi je serai à mon boulot et accomplirai, à l'insu des autres ma dernière journée. Depuis deux mois, le soir après leur départ, je m'emploie méthodiquement à détruire dans le broyeur tous les documents me concernant ; impôts, banque, sécu, lettres, photos, tout. Les seules traces de mon passage seront au sein des administrations, mais ici, plus rien. Pas de souvenir, pas d'histoire, que dalle. L'agence avec laquelle j'ai rendez-vous lundi en huit pour l'état des lieux voudra bien entendu défendre l'idée que la caution doit rester sa propriété, et ça l'est déjà. Je ne discuterai pas parce que je m'en fous.
Lundi midi je n'aurai plus de téléphone, plus de clés, plus d'adresse, plus d'identité, le broyeur a bouffé ma carte avec le reste. Ce sera aussi ma dernière douche "intime".
Lundi midi je serai dans la rue, sans destination.
Les gens sont vraiment pas gracieux,
ils sont toujours comme ça ?"
Le niveau sonore de sa drôlatique expression me sorti de ma torpeur matinale et me plomba sur mon siège quand je compris que c'est à moi qu'elle s'adressait, atterrée par le défilé des voyageurs qui s'offrait à elle. Manifestement, cette femme vient d'atterir sur la Planète des Singes et n'est pas encore actrice de sa vie parisienne. Dans quelques mois, si l'appel de sa terre natale décide de l'épargner, elle intégrera elle aussi quelques indispensables codes de conduite du coin.
Artie Show
Le musicien
Ce soir, dans le métro station Charles-de-Gaulle-Etoile, un musicien auquel je ne prête pas plus attention entre dans la rame avec un petit instrument indéterminé de l'espèce des pianos en plastique noir et blanc, de ceux qu'on porte contre soi.
Lorsque la sonnerie se fait entendre, mon oreille est d'abord sollicitée par la fermeture des portes et les bruits alentours alors le musicien commence à jouer. J'entendais les premières mesures, quand happée par la douceur du chant mon oreille s'est faite plus attentive.
Il s'agissait d'un chant traditionnel d'Afrique du Nord ou peut-être de l'Europe de l'Est ? Je ne sais pas, mais les passagers de la rame dont j'étais ont partagé c'est sûr et bien malgré eux, un inattendu moment de grâce auditif. 2 stations pour moi. Je suis descendu, les portes se sont refermées derrière la sonnerie, la rame s'est lancée, le chant s'est engouffré dans le tunnel.
C'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures confitures ?
Week-end à Meudon
Nous sommes allés dans la forêt de Meudon dimanche. Avec le chien.
L'air humide des sous-bois était saturé d'effluves de terre mouillée mêlée à celui des feuilles mortes.
C'est la saison des chataignes. Nous en avons ramassé quelques unes, en priant je ne sais quel bon dieu de ne pas en prendre une sur la tête à chaque raffale de vent.
Il pleuvait des chataignes tout autour de nous. Il a plu tout court, d'ailleurs. Il n'a pas plu tout le temps, la pluie était aussi fine que dense et dans ce festival de couleurs et d'odeurs, elle était ennivrante. Et j'étais bourré... Voilà comment j'ai rapporté avec nos chataignes une jolie petite crève.
Elles tombaient du plus haut des arbres sur le tapis de feuilles avec un bruit mat, et nous allions du bout des doigts les sortir de leur bogue. Ce qui rendait légitime le mérite de notre modeste récolte.
Passées au four, elles se sont avérées succulentes et nous ont offert ainsi une petite soirée automnale presque comme dans les livres d'enfants.
Nous y retournerons dans cette forêt, en hiver aussi, où elle doit être alors très belle... Le charme serait intact si on ne tournait pas deux heures dans Meudon pour retrouver la gare RER C. Un jour viendra.
Jour J-2
.........m'ouaifff, non. Pas grand chose à dire à cette heure... Temps maussade, moral pas brillant, pas en berne non plufff... Cette journée s'annonce plate.